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Aux mages, Homère, hommage aux Mers ? -

Lol titre jeu de mot -

Préface 27 janvier 2017

Un jour sur la côte de Cefalu en Sicile ("tête de falaise" en dialecte il me semble), on m'a dit "Et là bas très à l'Est, il y a les îles éoliennes", et je les imaginais, des petites îles montagnes de calcaire inhabitées, des pans jaunes de soleil - j'étais évidemment trop loin pour voir Alicudi, pourtant la plus à l'Ouest dans l'archipel. Gamine, j'avais la certitude inébranlable qu'un jour, j'irai visiter la demeure d'Éole.

J'ai grandi, et heureusement je ne sais toujours pas où est l'Est (à droite selon ma boussole), et j'ai encore l'esprit embrumé d'olympiens, de voyages et de vents commandés pour des personnages mythologiques - je marche je marche et je ne pense plus qu'à des débuts d'aventures, et j'ai peur de me défiler et de ne pas les continuer, de me dégonfler et de ne pas écrire.

 

Les îles de Panarea et de Stromboli, vues depuis Vulcano, Février 2017 - La brume marine, le brouillard distant, ce sont eux qui interdisent au Stromboli de se poser sans l'effacer, d'ici on dirait vraiment l'île flottante décrite par Homère.

Stromboli, vu depuis l'île de Salina, Février 2017 - Comme un goût de Orange et Bleu <3 De loin, le Stromboli est déjà écrasant de majesté.

 

Plus tard (en février), une fois revenue, faut-il vraiment revenir ? - mdr je déconne

Chant X de l’Odyssée de Homère, Ulysse, le héros grecque qui veut rejoindre Ithaque, accoste sur l'île d'Éole:

« Nous gagnons Éolie, où le fils d'Hippotès, cher aux dieux immortels, Éole, a sa demeure. C'est une île qui flotte : une côte de bronze, infrangible muraille, l'encercle tout entière ; une roche polie en pointe vers le ciel»

Stromboli, askip, c'est lui, le volcan, c'est elle, l'île.

Éole, Dieu des Vents, habitait dans les îles Éoliennes (vabbé, vu comme ça, c'est évident). Tout nous porte à croire que l'île que décrivait l'aède aveugle athénien est le Stromboli.

Des 7 îles de l'archipel, c'est la plus lointaine, la première que l'on voit si l'on à pris le bateau depuis Naples, la première qui est isolée de la civilisation en cas de tempête. C'est aussi, l'été, une des plus touristiques, et des centaines de personnes viennent, grimpent au sommet du volcan pour voir les explosions de lave, qui ont lieu toutes les vingt minutes environ, un spectacle impressionnant.

Le volcan, fumant dans le brouillard, vu depuis les hauteurs de Salina, Février 2017.

 

Le calice sur le tabernacle, vu de Salina encore, et toujours écrasant et royal, la pointe perdue dans ses nuages et ses vapeurs sulfuriques, Février 2017 -

Stromboli, du grec Strongylè, ce qui signifie l'île ronde. Un volcan plurimillénaire, surgit de la mer dans une symétrie presque surfaite, forme un confetti parfait sur le plan. Un petit rond vert pâle sur l'eau bleu pâle des cartes Michelin, avec des traits bleu roi qui le relient à d'autres terres, d'autres îles par les routes maritimes. Depuis la fenêtre de l'avion aussi, il était rond. Des satellites aux étoiles, indubitablement rond.

L'île, quelle que soit la direction par laquelle on l'aborde, a toujours la même forme caractéristique pour les marins. Un triangle isocèle bleu foncé, qui semble parfois un lointain jeu de brumes salées. Un cône constamment fumant coulé dans la Tyrrhénienne, couronné de nuages cendrés. Des autres îles, on l'invente, on le devine, et on le voit tout à la fois. Il semble parfois flotter sur la mer, dériver, un paquebot du XXième siècle avec sa colonne de fumée.

Stromboli, qu'il est difficile de t'accoster ! L'île-volcan est faite d'arrêtes, de rochers acérés noirs et menaçants. Les deux villages, Stromboli et Ginostra, ne sont joignables que par bateau. Autrefois, il y avait un chemin qui bordait les crêtes hostiles, mais la pierre s'est érodée, le chemin de galets volcaniques s'est dissipé à la manière d'un songe. Morceaux par morceaux, des pans de routes ont coulé, une rambarde rouillée a disparu lors d'une marée incertaine, et puis, piano piano, les îliens ont renoncé à s'écorcher les pieds sur la côte déchiquetée. Quand? je ne sais pas, après un hiver rude, après une éruption, l'un a cherché à rejoindre le village opposé, et a du se résigner à emprunter sa barque.

Stromboli enfin, avec ses plages de sable noir, de petites vagues viennent lécher la plage, repartent dans un jeu de reflets violet-volcaniques. Sur ces plages, il y a des centaines d'objets échoués, la Méditerranée parfois traitresse avale et recrache dans un rouleau: des morceaux de bouts, une tong solitaire dont l'acolyte est peut être à Benghazi, des flotteurs, des cordes usées. Un pêcheur ramasse un bouchon de bouteille de champagne, le frotte contre des galets pour lui donner la forme d'un trou dans son bateau, et l'enfonce entre deux planches de bois "Bellissimo". C'est réparé.

Voilà, les reflets du sable noir donnent aux côtes, dans la lumière du soir, le reflet bronzé que décrivait Homère, la côte abimée n'offre pas de criques, pas de protections, pas de mouillages abrités, "l'infrangible muraille" - Et le volcan gronde, crache sa fumée, qui se mêle aux nuages. Voilà, pour ne parler que des côtes. Mais il y a aussi le village, les petites maisons cubiques blanches, les ruelles étroites, l'Observatoire (accessible par un chemin en sable noir qui grimpe parmi les roseaux), et le ciel étoilé la nuit quand on descend embourbés dans la cendre jusqu'aux genoux.

Une île, un volcan, semblant tout droit sorti des légendes et des contes pour enfants, posé délicatement sur la mer, c'est très rassurant.

Pêcheurs réparant leur barque, masque de plongeur, Stromboli, Février 2017 -

 

Pour aller plus loin -

Un hommage à la mer c'est un anagramme de Magma, Homère élu, na ! mais ça veut rien dire.

(De vues, le Strongylè, c'est un anagramme parfait de Elle y trouve des gens)

 

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